Les travaux d’Isabelle Collet
Isabelle Collet, enseignante-chercheuse spécialisée dans la question du genre dans les métiers de l’informatique, vient de publier Les Oubliées du numérique (Ed. Le Passeur, 2019). Cette étude sur les quinze dernières années fait le constat d’une absence significative des femmes dans le monde du digital. Absence qui n’a pas toujours été un état de fait.
« Dans les années fin 1980-début 1990, les filles représentaient un quart des effectifs dans les écoles d’informatique, aujourd’hui elles sont autour de 10% en Europe occidentale. »
Un terrain Occupé par les hommes
Selon elle, une des causes principales de ce gouffre, se situe dans l’enseignement supérieur. Avec des études d’informatique qui se sont beaucoup masculinisés ces dernières décennies.
Pour les besoins de cette étude, Isabelle Collet s’est rendue dans différents établissements dans le domaine des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) pour y effectuer des comptages. Il suffit de prendre un exemple, parmi d’autres, dans l’étude pour se rendre compte d’une sous-représentation des femmes : dans une école lyonnaise il y avait 2 femmes sur 22 étudiants en 2019, alors qu’elles étaient 30% dans la promotion trente ans auparavant.
Cette absence est aussi aggravée par un deuxième niveau de filtrage : l’entrée dans le monde du travail.
Le peu de femmes présentes dans les écoles d’informatique, sortent avec leur diplôme en poche et arrivent sur le marché du travail où elles ne sont pas embauchées directement pour leurs compétences informatiques. L’immense majorité (75%) obtient des postes dans les métiers des RH, de la documentation ou du marketing, alors que seulement 25% accèdent à des métiers dans la tech.
« Plus le champ du savoir prend de la valeur, plus il se masculinise; plus il en perd et plus il se féminise »
Le genre et l’informatique : explication d’Isabelle Collet
La majorité des travaux d’Isabelle Collet sur les femmes dans le domaine de l’informatique et des nouvelles technologies sont répertoriés sur le site de l'Université de Genève, où elle est enseignante. Pour approfondir, vous pouvez aussi consulter ses recherches conjointes avec Nicole Mosconi.