Marion FADDEEV
# parcours perso
Marion Faddeev a 37 ans. Lyonnaise d’origine, elle est très attachée à cette ville. Alors, après un passage dans la capitale, elle est revenue y vivre. Elle se décrit comme une femme créative et engagée, ayant les pieds sur terre et la tête dans les étoiles !
# parcours pro
Dès le lycée, Marion a une appétence certaine pour le digital. C’est pourquoi, au moment de son orientation, elle va rechercher des écoles d’informatique. Elle a un coup de cœur pour l’ESIEA Paris, une école d’ingénieurs qui propose une prépa intégrée en informatique. Cette école lui a plu car elle privilégiait le savoir-être et la diversité.
Elle va donc faire 5 ans d’études avec une spécialisation en systèmes d’information. À cette époque, les débouchés n’étaient pas très clairs. Le monde du travail était donc à la fois une multitude de possibilités et, en même temps, la grande inconnue. Elle a choisi les sociétés de services car elles lui permettaient de faire plein de missions différentes pour trouver ce qui lui plaisait vraiment.
De retour à Lyon, elle recherche un travail dans le consulting. À ce moment-là, SAP (System Applications and Products in Data), un des plus grands éditeurs de logiciels de gestion et de maintenance, était en plein essor. Elle trouve donc très vite un stage de fin d’études dans une entreprise experte sur ces systèmes-là.
Mais finalement, elle se rend compte qu’elle n’est pas très attirée par le développement. Elle a plutôt envie d’aller vers des missions ayant trait à la méthodologie, l’audit de process, la qualité. Elle aime ces fonctions car elles demandent de comprendre ce que fait tout le monde dans une entreprise. Pendant un temps, elle va évoluer dans différentes sociétés et types d’activités. Mais elle a du mal à rentrer dans les cases, ce qui freine son évolution professionnelle.
En 2019, elle décide de reprendre ses études pour préparer un Executive MBA afin d’acquérir un prisme de l’entreprise différent, une vue moins opérationnelle.
Pendant sa formation, un problème de santé l’oblige à s’arrêter pendant 7 mois. Elle va donc se concentrer sur sa formation et en profiter pour réfléchir à ce qu’elle a vraiment envie de faire. Cela va lui permettre d’envisager les choses différemment et de créer son entreprise.
Elle va alors rencontrer Jérôme Danquigny, et s’associe avec lui pour créer Kolivi, un outil collaboratif de partage de contenu. Peu de temps après, elle rencontre Jennifer Delbecq, qui évolue dans le secteur de la cancérologie. Cette dernière lui explique qu’avec le Covid, les personnes malades se sentent encore plus seules…
C’est ainsi que la première grosse évolution de Kolivi arrive avec un nouvel enjeu : digitaliser les besoins de support en cancérologie en associant différents outils, comme la visio-conférence. L’objectif était de recréer du lien et de proposer une alternative avec le digital.
Kolivi est aujourd’hui un outil collaboratif de partage de contenus associé à de la visio-conférence 3D. L’idée n’est pas de vendre un outil mais de former à son usage et à d’accompagner la transformation digitale. Il est notamment utilisé pour digitaliser la formation et innover dans les pratiques des ressources humaines. Pour les deux associés, « ce n’est pas au client de s’adapter à l’outil mais l’inverse. »
# SUCCÈS
Marion est fière d’avoir trouvé sa place, et de ne plus rien avoir à prouver à personne. En effet, longtemps elle s’est sentie obligée de prouver qu’elle avait sa place en entreprise puis, auprès de son entourage, quand elle a créé son entreprise. Aujourd’hui, elle préfère rentrer dans pleins de petites cases plutôt que dans une seule et d’avoir une multitude de casquettes, pour s’adapter aux situations.
Quand on est entrepreneur, il faut apprendre à se connaître et à s’écouter. Elle a su utiliser ses problèmes de santé pour changer de perspective et arrêter de reproduire toujours le même schéma. Il ne faut pas toujours faire des plans à 10 ans, mais savoir vivre au jour le jour et s’adapter continuellement aux situations. Grâce à cela, elle a ouvert sa vision pour sortir de l’autoroute professionnelle sur laquelle elle était après son parcours en école d’ingénieurs.
Ce qu’elle apprécie beaucoup dans l’entrepreneuriat, c’est que l’on peut choisir les personnes avec lesquelles on veut travailler. De ce fait, les relations sont beaucoup plus saines qu’en entreprise. Elle aime aussi le fait d’apprendre en continu !
# conviction numérique
Marion est habituée à évoluer dans un univers d’hommes car, déjà en école d’ingénieurs, il y avait seulement 3 filles sur 120 étudiants ! Et forcément, ça s’est prolongé dans le monde du travail : 3 filles en école ne peuvent pas donner 50 filles en entreprise !
Elle a du mal avec la mixité que l’on voudrait imposer en entreprise car, pour elle, il faudrait déjà prendre le problème à la source. Aujourd’hui, pour avoir de l’égalité et il faudrait que l’on commence dès les études. Il faudrait plus de filles dans les écoles d’ingénieurs et dans les études techniques pour qu’elles aient le même niveau d’étude que les garçons.
Ayant toujours un peu de mal à travailler avec beaucoup de filles, Marion est très favorable à la mixité car les hommes et les femmes ont souvent des approches différentes et complémentaires. Et c’est avec des visions différentes que l’on crée l’innovation.
Pour favoriser cette mixité, il est important de donner des rôles modèles aux filles dès le plus jeune âge. En particulier dans des métiers très techniques, comme dans l’infrastructure, pour en changer l’image auprès des femmes.
De plus, le défaut que l’on peut avoir en présentant ces métiers est d’en montrer seulement l’aspect technique. Or, plus on met de la technique et du numérique, plus on a besoin d’humains. Et cet aspect-là plait aux filles. Par exemple, le développement informatique, ça n’est pas que du développement. C’est aussi pourquoi on le fait, comment on va le faire et à quoi ça sert ! C’est cela qu’il faut montrer aux filles.
# Le message qu’elle souhaite faire passer
Marion voudrait faire passer le message qu’il faut se faire confiance et oser. Nous seules savons ce qui est vraiment bon pour nous. C’est nous qui nous mettons nos propres limites.
Il faut savoir écouter les autres mais n’en prendre que ce dont on a besoin. Et se faire confiance car il n’y a pas de mauvais choix. On ne se trompe pas, on change de chemin !
Témoignage recueilli par Cécile Eynard
Le 02 janvier 2022