Aurélie DROUVIN
# parcours perso
Aurélie Drouvin, âgée de 37 ans, a quitté Amiens pour s'établir à Lyon il y a trois ans, à la recherche d'un environnement professionnel plus dynamique.
Son parcours est celui d'une battante : de la politique, avec ses arcanes municipales et régionales, à la gestion de projet pour l'essor d'une plateforme innovante dans le domaine de la santé, elle s'est frayé un chemin audacieux jusqu'à l'entrepreneuriat.
2020 marque un tournant avec la naissance de Kayz, son projet phare : un coffre-fort numérique conçu pour sécuriser la transmission de données cruciales en cas d'imprévus, accidents ou décès.
Puis, en 2021, elle innove de nouveau avec Ziplo, un service sécurisé de transfert de données qui, tel un Wetransfer à la française, s'illustre par sa fiabilité et sa capacité à fournir une preuve de dépôt.
Ces deux start-ups ne sont pas de simples entreprises; elles incarnent une vision de la pérennité et de la sécurité numérique, bâties par une femme dont l'engagement et la détermination forgent le succès.
# parcours pro
Titulaire d'un master en Histoire et Archéologie, Aurélie Drouvin a néanmoins orienté sa carrière vers la sphère politique dès ses études, se consacrant pleinement à cette passion. Sa première expérience significative fut un poste de chargée de mission au cabinet de la maire de Beauvais, une opportunité qui lui a permis de se familiariser avec les rouages administratifs et politiques.
Elle a ensuite continué à servir en tant qu'assistante pour divers élus, à Amiens puis au sein du Conseil régional des Hauts-de-France, où elle s'est spécifiquement intéressée aux dossiers numériques.
Après dix ans d'un parcours dédié à la politique, Aurélie a souhaité explorer de nouveaux horizons professionnels. Elle a ainsi rejoint l'Université de Picardie en tant que cheffe de projet pour la création d'une plateforme d'enseignement en ligne dédiée aux disciplines de la santé. Pendant deux ans, et en pleine crise sanitaire, elle a piloté une équipe d'ingénieurs pédagogiques et de développeurs, travaillant en étroite collaboration pour numériser l'offre éducative.
Le confinement a été un moment clé pour Aurélie, qui s'est lancée dans l'entrepreneuriat. Elle et son mari, un consultant en informatique, ont créé Kayz pour répondre à un besoin simple : gérer et transmettre en toute sécurité des informations professionnelles vitales lorsqu'on ne peut pas s'occuper de son entreprise.
L’entreprise Ziplo est également née d’une constatation : alors qu’elle était à l’université pour développer le projet de plateforme de cours en ligne, elle collaborait avec le CHU d’Amiens, au sein de nombreuses applications, dont Wetransfer, étaient bloqués pour des raisons de sécurité. Très vite elle constate que les équipes contournaient ces interdictions, soit en passant par leur téléphone pour quand même transférer les données via Wetransfer, soit avec des clés USB ou encore en utilisant des dossiers Google Drive personnels.
Avec Ziplo, Aurélie et ses associés se sont donné pour mission de réconcilier efficacité et sécurité dans le transfert de données. Les entreprises, forgées par ces besoins du terrain, sont le fruit d'une absence de formation technique initiale chez Aurélie, qui a su s'entourer de partenaires qualifiés pour matérialiser ses visions. Continuant à parfaire sa maîtrise des outils numériques, elle occupe un rôle clé au sein de ses entreprises, en se consacrant à la communication, à la commercialisation et à la gestion opérationnelle.
# FIERTé
Aurélie a initié le lancement de deux produits, respectivement il y a deux et trois ans. Pour elle, ils représentent une extension de sa créativité et de son engagement, semblables à des enfants qui auraient atteint de nouvelles étapes de croissance. L'idée originale, qui a germé dans son esprit, s'est matérialisée et est désormais utilisée et appréciée par une clientèle satisfaite, ce qui constitue pour elle une source de grande fierté.
Elle exprime son ressenti avec humilité et honnêteté :
# conviction numérique
Aurélie Drouvin observe que le secteur numérique offre peu d'opportunités aux femmes, particulièrement à des postes de direction. Elle se sent bien isolée lors des réunions avec des dirigeants de startups, notant que la présence féminine s'amenuise d'autant plus que le niveau de technicité requis s'élève. Pour elle, l'absence de femmes dans des domaines aussi influents est préoccupante, car cela signifie que les voix féminines sont sous-représentées dans des secteurs qui façonnent l'avenir.
Aurélie exprime sa vision avec conviction :
Elle insiste sur l'importance pour les femmes de s'engager dans le numérique, non seulement comme citoyennes mais aussi comme actrices et décideuses, pour influencer les entreprises qui dirigent cette évolution. Elle est résolue à ne pas attendre que l'initiative vienne uniquement des sphères étatiques. C'est dans cette optique qu'avec Ziplo, elle s'attache à développer une solution française sécurisée.
L'essor actuel de l'intelligence artificielle amplifie le besoin d'une représentation féminine au sein des équipes pour garantir que le futur ne soit pas uniquement défini par un seul genre, porteur de ses propres préjugés et perspectives.
La faible représentation des femmes dans des secteurs cruciaux tels que l'IA et la cybersécurité est problématique, non seulement en termes d'inclusion mais aussi d'égalité salariale, puisque ces domaines figurent parmi les plus lucratifs. Par conséquent, pour atteindre une réelle équité financière, il est essentiel que les femmes aspirent à ces carrières hautement rémunératrices.
# Le message qu’elle souhaite faire passer
Les carrières dans le secteur numérique ne sont pas l'apanage des hommes. Historiquement, les femmes ont été des pionnières dans les métiers de l'informatique. Cependant, cette dynamique a évolué défavorablement lorsque ces métiers ont acquis un caractère stratégique et sont devenus lucratifs.
Il existe également une perception idéalisée des carrières par les femmes, qui aspirent souvent à des « métiers passion ». Si cet idéal est louable pour s'assurer une autonomie financière et exercer une influence sociétale, il est crucial de s'orienter également vers des professions plus techniques.
Le secteur souffre de préjugés conséquents, véhiculés d'abord par les parents, puis par le système éducatif national. Cela continue dans les études supérieures où la prédominance masculine dans les écoles d'ingénieurs peut dissuader les jeunes filles de s'y inscrire, par crainte de l'isolement. Des initiatives multiples sont nécessaires pour inciter davantage de femmes à rejoindre le domaine du numérique. Il est essentiel de communiquer aux jeunes filles qu'elles ont pleinement leur place dans ce secteur et qu'il leur appartient de la revendiquer.
Les disparités subsistent malgré les études démontrant que les performances des équipes mixtes sont supérieures grâce à la diversité et à la variété des perspectives. Il est manifeste que les résultats sont bien meilleurs quand les collaborateurs ne partagent pas tous le même milieu social, ne possèdent pas les mêmes préjugés ni les mêmes opinions, puisque c'est cette diversité qui enrichit les projets.