Charlotte KULLMANN

 

À 29 ans, Charlotte Kullmann a déjà tracé un chemin impressionnant dans le monde numérique. Son parcours, marqué par une évolution rapide et des responsabilités croissantes, reflète sa détermination et son expertise unique.

# parcours perso

Charlotte Kullmann, 29 ans, travaille chez Tenor depuis 5 ans. Son parcours académique multiple, de LEA au master en création web, mêle sa passion pour les langues et la technologie. Elle a découvert son intérêt pour la gestion de projet lors de ses études, notamment en concevant des produits pour les clients.

# parcours pro

Sa licence en LEA à Metz fut suivie d'un stage de six mois en Allemagne. Charlotte a ensuite intégré le master CAWEB (Communication web multilingue) à Strasbourg, alliant langues et web et nécessitant un énorme investissement personnel. Chaque année, elle a dû concevoir un site web, d'abord en groupe puis individuellement, développant des compétences clés en design graphique et en expérience utilisateur.

Ce projet lui a permis de développer des compétences en design graphique pour construire des sites basés sur l’expérience utilisateur.  Pour le réaliser, elle devait démarcher des vraies entreprises qui avaient des projets de création site web et le mettre en place pour eux. 

Charlotte a ensuite rejoint Dassault Systèmes en alternance, gérant le site de support et affinant ses compétences en gestion de projet. Son envie de nouveaux défis l'a menée à Lyon, chez Tenor, où elle a rapidement gravi les échelons en se spécialisant dans la dématérialisation fiscale et en devenant une experte reconnue. 

Elle est entrée chez Tenor comme cheffe de projet EDI (échange de données informatisées), le cœur de métier de l’entreprise, un métier qu’elle ne connaissait pas.

Petit à petit elle se spécialise sur la partie « eInvoicing » ou dématérialisation fiscale. En 2023, elle est devenue l’une des cheffes de projet les plus accomplies sur le sujet par sa connaissance métier des enjeux de ce domaine, mais également du fonctionnement opérationnel interne. Ce sujet ayant pris de l’ampleur, elle est devenue manager d’une équipe de 2 personnes. En interne, elle est garante des projets : comprendre l’enjeu de la dématérialisation, la spécificité des commandes et vérifier que les process en interne soient justes pour le client pour garantir la qualité du produit délivré. Elle est responsable de la partie production et opérationnelle.

En parallèle à ce nouveau rôle de manager, elle fait également partie d’une équipe qui monte une nouvelle plateforme qui permettra de répondre à la future réforme de l’État concernant la dématérialisation fiscale et qui va toucher toutes les entreprises. Son rôle oscille entre chefferie de projet et product owner.

C’est un projet complexe et passionnant. Et un gros enjeu stratégique pour l’entreprise dont elle ne pensait pas avoir la charge aussi vite.

# FIERTé

Sa fierté actuelle ? Gérer un projet crucial pour Tenor, un rôle qu'elle n'imaginait pas si tôt dans sa carrière. Cette progression fulgurante, surtout dans la gestion d'équipe, témoigne de sa capacité d'adaptation et d'apprentissage.

« Une opportunité s’est présentée, je me suis lancée. Il ne faut pas reculer quand ça se présente. Je suis contente de voir que j’ai réussi à en sortir beaucoup de choses pour moi et pour le projet. C’est rassurant de savoir que je suis toujours capable d’apprendre et d’avancer.  »

Avant, elle avait parfois la crainte de trop se spécialiser en EDI (Échange de données informatisé) et de rester enfermée dans ce secteur, car il est difficilement adaptable à d’autres domaines. Mais ses nouvelles fonctions lui permettent de rester active et attentive à ce qu’il se passe en dehors de ce domaine.

# conviction numérique

Pour Charlotte « c’est à la fois facile et pas facile » d’évoluer dans le secteur numérique. D’après ce qu’elle a vécu jusque-là, il n’y pas eu de réel blocage pour elle d’intégrer ces métiers ainsi que des postes à haute ambition. Les difficultés sont plus insidieuses et tiennent plus dans les détails du quotidien. C’est compliqué de faire la part des choses.

« C’est difficile parfois de ne pas le prendre personnellement. Il ne faut pas se dire que c’est notre faute, mais plutôt comprendre les réflexes sexistes et de savoir quand y réagir. »

Les métiers du numérique sont à majorité masculins. Chez Tenor, parmi les équipes techniques, il n’y a encore que 20% de femme, bien que la tendance soit nettement à la hausse donc parfois l’ambiance est un peu « masculine ». La différence de traitement vient d’ailleurs généralement des hommes eux-mêmes. En réunion, cela peut se traduire par une politesse exagérée sous prétexte qu’elle est une femme. Or, elle considère être là en tant que cheffe de projet tout simplement.

« Je pense parfois bénéficier de discrimination positive. C’est essentiel d’avoir conscience des mécanismes de privilège, même au sein des femmes, sans pour autant remettre en cause sa valeur. »

Dans le même temps, elle pense qu’elle a bénéficié de l’infériorité numérique car, statistiquement, elle sort du lot. Sur certains sujets, les clichés ont la vie dure, et pour les personnes qui pensent qu’il y a vraiment une différence de savoir être entre les femmes et les hommes, cela peut-être un critère de sélection.

# Le message qu’elle souhaite faire passer

« C’est un peu facile à dire, mais il faut dépasser sa propre peur. On a souvent l’impression que les autres et surtout les hommes, s’y connaissent mieux que nous dans ce milieu. Le numérique est souvent vu comme un domaine « masculin », mais cette notion de genre n’a pas sa place. Dans les faits, les seules barrières sont sociales, pas dans les compétences. Il ne faut pas se laisser avoir par le vocabulaire technique ou la sensation de faire face à un « boys club ». Personne ne sait mieux que les autres, sans avoir d’abord appris. Les hommes ont juste généralement plus d’aplomb, même quand ils ne sont pas encore compétents.  »

Elle dû passer ce cap et se dire qu’elle aussi elle a des compétences et son domaine d’expertise. Ce n’est pas parce qu’elle ne sait pas tout aujourd’hui, qu’elle ne peut pas entrer dans ce milieu. 

Charlotte conseille aux femmes d’y aller. Dans un milieu souvent dominé par les hommes, elle encourage les femmes à reconnaître leur valeur et à se lancer, rappelant que le savoir-faire s'acquiert avec le temps et l'expérience. 

Lors de ses études, les effectifs étaient plutôt homogènes en termes de parité car il s’agissait d’un master mêlant des aspects techniques et littéraires. Mais dans les faits, lors des travaux d’équipe les filles s’occupaient de la partie esthétique et les garçons du code. Cette répartition des tâches se faisait toute seule, de façon inconsciente. Et à la sortie des études, la plupart des filles sont devenues cheffes de projet, voire sont restées sur des postes de traduction, et les hommes sont allés sur des métiers très techniques (code, développement, expertise en systèmes d’information).

Témoignage recueilli par Cécile Eynard

Le 09 janvier 2024