Nadège Caputo

 

# parcours perso

Nadège Caputo a 45 ans. Elle est mariée et maman de deux enfants, âgés de 12 et 15 ans. Originaire de Valence, elle s'est installée à Grenoble il y a 25 ans pour ses études, une ville qu'elle n'a jamais quittée depuis. Sa passion pour les mathématiques, découverte dès le lycée, l'a conduite à poursuivre des études dans ce domaine. D'abord à Valence, puis à Grenoble où elle a complété un Master en informatique.

Aujourd’hui, elle est cheffe de projet technique sur le produit Polyspace dans l’entreprise MathWorks

# parcours pro

Après avoir obtenu son bac scientifique avec une spécialité en mathématiques, Nadège a entamé une licence en mathématiques et informatique à Valence, une voie qu'elle a choisie par amour des chiffres et pour rester proche de sa famille. Bien que l'informatique lui soit inconnue à l'époque, elle s'est rapidement révélée douée dans ce domaine, obtenant de bons résultats, sans grande difficulté. 

Cette aptitude pour l'informatique, combinée aux perspectives d'emploi offertes par le secteur, l'a orientée vers cette voie. Elle a poursuivi ses études à Grenoble, où elle a effectué un stage déterminant chez Polyspace, une petite startup à l'époque, qui a marqué un tournant décisif dans sa carrière. Passionnée par le développement en ADA, elle a intégré la start-up Polyspace en tant que salariée et travaille sur le produit Polyspace depuis 22 ans.

Cinq ans après son arrivée, Polyspace a été rachetée par l'entreprise américaine MathWorks, avec laquelle Nadège poursuit aujourd'hui sa carrière. 

MathWorks est un éditeur de logiciel américain, spécialisé dans les logiciels de calcul mathématiques. Polyspace est un logiciel d’analyse statique permettant de trouver des bugs dans des codes écrits en langage C, C++ ou Ada.

« En 22 ans, je ne me suis jamais ennuyée, car le travail est toujours différent d’un client à l’autre, d’une demande à l’autre, d’une techno à l’autre. On ne s’ennuie jamais.  »

Au fil des années, elle a gravi les échelons, passant de développeuse à cheffe de projet technique. Elle supervise désormais des projets autour des standards de codage (MISRA, CERT) pour le code C et C++, tout en restant impliquée dans le développement. 
Son rôle implique également une interaction constante avec des clients prestigieux tels que Hyundai et Ford, et elle contribue à l'amélioration des outils qui détectent des bugs dans le code.

# FIERTé

Nadège exprime sa plus grande fierté pour une présentation de Polyspace qu'elle a réalisée aux dirigeants de MathWorks en collaboration avec des équipes en Inde et aux USA. 

Cette présentation a marqué un moment fort de sa carrière, une occasion unique qu'elle considère comme une reconnaissance de son expertise et de son engagement.

# conviction numérique

Pour Nadège, la place des femmes dans le secteur du numérique est un enjeu crucial. 

En ce qui concerne la présence des femmes dans l’entreprise, elle observe une disparité marquée. Par exemple, dans l’équipe « Qualité » à Grenoble, il y a quelques femmes, 3 ou 4, ce qui reste une minorité. Cette sous-représentation est particulièrement visible dans certaines équipes spécifiques comme le développement ou le marketing technique.

Pendant une période, elle a été la seule femme développeuse à Grenoble. Aujourd’hui, sur l'ensemble de l'équipe de développement de Polyspace, qui compte environ 40 personnes, seules trois sont des femmes.

«  Cette situation a eu un impact sur moi. J’ai ressenti le manque de collègues féminines, et je pense sincèrement que cela aurait enrichi mon expérience professionnelle. À 45 ans, ma perspective a changé par rapport à celle que j’avais à 25 ans, mais je continue de croire que j’aurais été plus épanouie si j’avais eu davantage de femmes autour de moi dans ce milieu technique.  »

Elle croit fermement que la mixité dans une équipe apporte une valeur ajoutée, quel que soit le domaine. Des études ont même montré que les équipes mixtes, composées d'hommes et de femmes, sont plus performantes que celles composées uniquement d'hommes ou uniquement de femmes. Cette diversité de perspectives et d'approches enrichit le travail collectif. Elle a souvent constaté que sa manière d'aborder les problèmes diffère de celle de ses homologues masculins. 

Son entreprise, où elle travaille depuis 17 ans, est consciente de ces enjeux et s'efforce de promouvoir la diversité. Par exemple, MathWorks soutient activement LDigital, une initiative locale, et Nadège fait partie du groupe "Women At MathWorks", un réseau mondial au sein de l'entreprise.

« Dans cette réunion, il n’y a que des femmes, mais on aime avoir le soutien de ce qu’on appelle « les alliés ». Ce sont les hommes qui se sentent portés aussi par ces questions d’égalité femme-homme. Il faut savoir les reconnaître et aller les chercher. »

Ce groupe, composé exclusivement de femmes de tous métiers confondus, se réunit chaque semaine pour discuter de la promotion des femmes, de l'embauche féminine, et des moyens d'améliorer l'inclusivité au sein de l'entreprise. Elles travaillent également avec des alliés, des hommes qui partagent leur engagement pour l'égalité des genres, ce qui est essentiel pour faire avancer ces questions.

# Le message qu’elle souhaite faire passer

Nadège souhaite encourager les femmes à s'engager dans les métiers du numérique. 

Elle insiste sur la stimulation intellectuelle permanente que ces métiers offrent et sur leur impact potentiel sur la société.

« Je pense qu’il y a des domaines dans le numérique ou l’informatique où on peut vraiment avoir un impact. Alors venez car il y aura du travail pour les 30 années à venir. »

De plus, elle souligne que ces professions offrent de belles perspectives d'emploi et une rémunération attractive. La conciliation entre vie professionnelle et personnelle est également un atout majeur, particulièrement en tant que parent. 

Nadège espère voir davantage de femmes rejoindre ces métiers et contribuer à une mixité qui bénéficie à tous.

Témoignage recueilli par Cécile Eynard

Le 01 septembre 2024