Vinciane MOURONVALLE CHAREILLE

 
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# parcours perso

Vinciane Mouronvalle Chareille est entrepreneuse, communicante et experte sur les questions de genre. Elle est la fondatrice de l’agence uniQ en son genre

Vinciane est sensible à la place de l’humain dans la société, à l’équilibre et à l’environnement social et écologique. Elle a en elle une grande puissance motrice et elle assume être hypersensible et créative !

# parcours pro

Déjà petite fille, Vinciane était sensible à deux choses : la communication entre les humains et la place des femmes et des hommes dans la société. Dès 10 ans, elle avait une appétence particulière pour l’informatique et le numérique, qui n’a pas trouvé de possibilité de se développer. 

Etant “nulle” en maths, les seules options qui se sont présentées à elle étaient la littérature et la communication. Il n’y avait pas d’autres pistes à ce moment-là. Mais elle a quand même nourri son goût pour le numérique pendant ses études à l’université de lettres, grâce à l’option informatique. À l’époque, allumer l’ordinateur à coup de disquettes, ça ne lui servait à rien d’autre que de s’amuser. 

A la fin de ses études, les métiers de la communication étaient déjà saturés. Trop de personnes diplômées, pour peu de postes. Elle a persisté, et tous les postes qu’elle a occupés touchaient de près ou de loin à la communication. 

Puis les métiers de la communication sont passés du 20ème siècle au 21ème siècle et sont devenus numériques. On est passé du papier (avec les affiches, les flyers) aux sites internet figés. C’était déjà une révolution ! Puis sont arrivés les blogs, avec les commentaires, qui créaient de l’interaction entre les gens. Et enfin les réseaux sociaux avec la naissance de Facebook.

Il a fallu 4 mois pour créer un compte Facebook, car il fallait passer par le service informatique. À l’époque, tout le monde avait peur de ces nouveaux outils.

C’était fascinant, et en même elle avait l’impression de travailler sur des outils qu’elle ne connaissait pas, qui se développaient en même temps qu’elle. Tout changeait en permanence et cela demandait de s’adapter très vite. Cela lui a permis de développer une grande capacité d’agilité, une connaissance de l’univers numérique et des compétences dans l’usage des outils frontend.
D’un naturel curieux, elle cherchait toujours à comprendre comment les choses fonctionnaient afin de mener des projets vers les objectifs qu’elle s’était fixés.

Sa créativité et son besoin d’autonomie l’ont guidée vers la création d’entreprise. Sa toute première entreprise n’avait rien à voir avec la communication et l’informatique. En mettant les « mains dans le cambouis », en partant de zéro pour créer son site marchand, elle a développé des compétences en e-commerce et en marketing numérique. Après avoir fait le tour du projet et évalué sa faisabilité, elle a choisi d’y renoncer. Elle avait appris beaucoup de choses qui lui sont encore utiles aujourd’hui.

En étant accompagnée par des incubateurs, j’ai constaté à quel point les équipes marketing dans les startups pratiquaient un marketing genré.

À partir de ce moment-là, Vinciane a choisi de se concentrer sur sa compétence initiale en communication et de la croiser avec son expertise sur le genre. Elle s’est focalisée sur la question de la représentation des femmes et des hommes dans les pratiques professionnelles de la communication. La boucle était bouclée !

En 2016, elle fonde l’agence uniQ en son genre, dont la raison d’être est de valoriser les femmes et les hommes dans la société. Les femmes notamment, dans la sphère professionnelle et les hommes plutôt dans leur sphère parentale. La mission de l’agence est de faire en sorte que les équipes de communication/marketing suppriment les clichés genrés dans leurs messages en les formant aux stéréotypes de genre notamment dans le langage (par les images, les mots - à l’écrit et à l’oral). L’expertise de Vinciane l’a amenée à concevoir la pratique de langage ouvert, qui dépasse les difficultés de l’écriture inclusive.

# succès

La fierté de Vinciane est d’avoir créé ce concept de langage ouvert pour favoriser l’égalité entre les femmes et les hommes, entre tous les individus (qui sont des êtres humains avant d’être des êtres sexués). Elle est fière de travailler à diffuser ce concept pour faire en sorte qu’il y ait le plus de gens possibles qui communiquent sans stéréotypes et sans clichés. Elle a su rassembler une équipe au sein de l’agence et développer une communauté qui se nourrit de ce langage ouvert et le diffuse autour d’elle.

# conviction numérique

Travailler sur la place des femmes dans la société implique forcément de s’interroger sur le rapport des femmes avec le numérique. Le fait que son appétence de petite fille pour le numérique soit ignorée (par l’école, l’environnement social...) a interpellé Vinciane. Aujourd’hui, elle souhaite que toutes les filles et femmes connaissent les métiers du numérique et s’y orientent si elles le souhaitent. 

Et il y a un vrai besoin. Le monde du numérique d’aujourd’hui est complètement genré, au masculin. Les outils sont créés par des hommes avec des biais masculins. Si ces outils ne sont pas développés en intégrant les besoins de tous les individus, le monde sera de plus en plus en déséquilibré.

Le numérique n’est pas palpable, ce n’est que du langage. Si les mots utilisés sont genrés, et que les femmes n’y sont pas nommées, alors elles n’y existent pas. Ça devient pire que dans le monde réel, matériel, physique.

Il est nécessaire de faire en sorte que les femmes aillent vers le numérique, qu’elles s’y forment et qu’elles s’y impliquent. Pas seulement pour faire des trucs « girly », il y a beaucoup à faire dans des projets qui touchent la santé, la littérature, la finance… pour développer des outils dont les femmes ont besoin elles aussi. L’objectif étant qu’ils puissent s’adresser à tout le monde. 

Sexisme, racisme, âgisme, validisme… Toutes ces discriminations ne peuvent être gommées que si tout le monde s’implique dans le numérique et pas seulement une moitié de l’humanité.

# le message qu’elle souhaite faire passer

Les craintes des femmes sont « je ne sais pas faire, ce n’est pas mon univers ». À ça, Vinciane répond : « c’est un univers qui se crée tous les jours, et en s’y engageant, elles peuvent créer le monde numérique tel qu’elles veulent qu’il soit ».

Participer à l’évolution du numérique c’est s’assurer de pouvoir participer à changer le monde. Et tous les métiers sont possibles dans le numérique. En fait, ce n’est pas forcément une vocation le numérique, c’est un outil, un moyen, comme apprendre à écrire et à parler. Aujourd’hui c’est indispensable de le comprendre sinon on reste sur la touche et on subit.

Donc si cette personne a envie de changer le monde d’aujourd’hui, il faut qu’elle s’intéresse à ce que c’est. Pas forcément pour devenir développeuse mais pour comprendre. Agir plutôt que subir.

En tant que femme, il est important de prendre sa place, de s’entraider par la sororité et de faire évoluer la société. Ces trois actions sont parallèles, et indispensables.

Témoignage recueilli par Cécile Eynard

Le vendredi 5 mars 2021